Une petite histoire datant de l’année dernière, qui débuta plus précisément en Mars 2015 alors que je décidais de m’inscrire en cours de contorsion dans une école de cirque à Paris.
En Mars 2015, mon activité principale du moment consiste à m’entraîner en « combat scénique » et je veux sérieusement reprendre la contorsion (discipline de cirque axée sur la souplesse) afin de m’assouplir et pouvoir faire ensuite des supers coups de pieds pour mes chorégraphies de combats. (La référence en la matière étant la cascadeuse Chloé Bruce, une vraie virtuose associant souplesse et arts martiaux.) J’ai tellement de plaisir à suivre les cours que cela devient vite ma nouvelle obsession. Petit à petit je commence à être capable de réaliser quelques figures de base en contorsion ( le résultat est très proche de ce qu’on peut voir dans certains styles de yoga) et je me lance des petits défis personnels, inspirée par les images époustouflantes de contortionistes professionnelles.
Un jour, mes professeurs qui viennent inititalement de l’Opera/ Cirque de Pékin et que j’admire énormément, me disent:
» Ok, entraine-toi serieusement and rejoins notre petite troupe lors de notre prochain spectacle.
– Quand ça ? – En Septembre . » (nous sommes alors en Juillet) Woaaa Sérieux?? Je me sens alors envahie d’une sensation mêlée de honte et de fierté. Bien sûr je suis honorée d’une telle proposition, c’était un vrai signe d’encouragement et une marque de confiance mais….je sais bien que je suis loin d’être suffisamment compétente tant sur le plan technique que pour mon niveau de souplesse.
« Tu ne seras jamais assez prête, fais-le c’est tout. »
-Bon ok… » Trois mois tard je suis sur scène pour effectuer non pas un…mais deux numéros de contorsion (et oui je ne peux rien leur refuser!): un en solo où je joue une poupée désarticulée, et un en duo avec Yang, spécialisé en équilibres ( mais aussi acrobate, cascadeur et depuis, un très bon ami), suffisamment fou et patient pour également me faire confiance puisque le principe est que je sois sa porteuse pendant qu’il fait ses équilibres. Autant dire que nous passons de longues heures à souffrir, rire, créer ensemble, la complicité et la passion commune faisant passer les sessions de travail en récréations.
Arrive la date fatidique. Le soir du show je me retrouve littéralement malade de stress, un trac tellement violent que prise de nausée et de tremblements je suis à deux doigts de tout annuler à la dernière minute. » Et si je rate? Et si je perds mon équilibre et que j’ai une crampe ? Qu’arrive-t-il si je glisse, que Yang tombe à cause de moi, qu’il se blesse? Et si le public me reconnait par rapport à mon ancienne carrière sachant que c’est un spectacle familial? Et si, et si…? « Je sais, c’est ridicule. Mes profs, Yang, tout le monde me sourit et me rassure. Je suis comme une petite chenille qui panique au milieu des papillons.
J’ai pas mal de potes qui bossent au Cirque du Soleil et qui doivent quotidiennement faire face à 1000 choses tellement plus dures; tellement plus de pression repose sur leurs épaules mais ce sont de vrais pros qui s’entraînent et sont sur scène depuis des années.
Le risque est toujours là, chaque représentation est unique
mais eux maîtrisent leur discipline, et j’ai le sentiment d’être une supercherie m’attendant à ce que le public s’exclame: » Elle bluffe! c’est pas une vraie pro! D’ailleurs elle est même pas Chinoise! » ( bah oui je suis intégrée à une troupe chinoise, excusez-moi mais j’ai beau avoir les yeux bridés je suis Franco-Viet!)
Bon…ça ne me donne pour autant l’excuse d’annuler. Au final je rentre dans la lumière et fais de mon mieux, le coeur plein de feux d’artifices… Je suis consciente que ma performance a surtout des allures mignonnes de brouillon, un embryon de spectacle, mais cela ne m’empêche pas de ressentir une réelle joie quand j’apprends que le public a plutôt apprécié. D’ailleurs mon duo burlesque avec Yang, volontairement comique, fait parvenir à mes oreilles le rire des enfants. Ca n’a pas de prix! Le spectacle terminé , après avoir participé aux fameuses danse aux 1000 bras et la danse du dragon (mais si tout ça! Ils m’ont bien eue mes profs!), un petit groupe de mecs et filles, environ 25 ans, vient à ma grand surprise me demander une photo, tout souriant:
« C’est cool de vous voir ici, quelle surprise, vous êtes en tournée avec le cirque alors? »
Et oui. Les gens peuvent se montrer désagréables parfois mais ils peuvent aussi se révéler étonnamment ouverts d’esprit. Beaucoup de questions, de doutes, de tremblements pour peu de choses, je n’ai pas fait depuis d’autres spectacles avec la petite troupe mais l’expérience valait de prendre le risque. Il y a toujours de quoi tirer un enseignement. Pour l’instant, sans aucun doute, c’est l’heure de retourner à l’entraînement !
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